Alors qu’un doux silence régnait dans toute la pièce, un son agaçant et répétitif vint tout briser, me réveillant brusquement. J’ouvris les yeux tout doucement, regardant le plafond pendant que j’éteignais mon réveil en frappant dessus. Je savais que nous étions lundi matin, mon week-end s’était plutôt mal passé, et j’avais hâte de retourner à l’académie. Sans me presser, je me levai, avant de me diriger vers la cuisine, après un tour rapide aux toilettes.

Je n’avais plus grand-chose dans mes placards, juste assez pour deux ou trois jours en fait. Je mangeai donc une tartine de pâte à tartiner, avec un verre de lait frais. Lorsque j’eus fini, je m’empressai de regarder l’heure sur mon « GSM », comme ils appellent ça dans ce pays. Il ne me restait plus que quarante-cinq minutes avant le début des cours, soit environ une demi-heure avant que je ne doive y aller. J’avais donc le temps de prendre une douche ! Alors je filais dans la petite salle d’eau de mon studio pour me laver et me préparer pour la journée. Je n’avais pas vraiment besoin de me coiffer, mes cheveux étaient si courts que je n’avais pas vraiment d’autre choix que de les laisser s’autogérer.

Je partis ensuite m’habiller avec un jean très sombre et une chemise blanc cassé. Je mis également une paire de chaussures, belles mais pas très confortables. Heureusement, comme j’avais entraînement le soir, je devais prendre mon sac de sport avec des baskets confortables à l’intérieur ! Il ne me restait maintenant plus que dix minutes avant de devoir partir. Je préparai alors mes deux sacs, celui pour l’entraînement et celui pour mes cours de la journée. Il était maintenant l’heure de partir !

Je pris donc mes clés et mon téléphone dans une poche, mon sac de cours sur l’épaule et mon sac de sport à la main. Avec mon autre main, je faisais rebondir mon ballon de basketball au sol. Je n’avais pas vraiment le droit de l’emmener, mais tant qu’il restait dans mon sac pendant les heures de cours, ça irait. Je sortis donc de chez moi, refermant bien la porte de mon studio derrière moi, puis je m’avançai dans la rue. Il n’y avait pas grand monde, dans l’avenue. Je me mis en route vers l’académie, plus concentré sur les rebonds de mon ballon que par ce qui était sur ma route.

Je m’étais arrêté de marcher lorsqu’une femme était apparue dans mon champ de vision, ce qui signifiait qu’elle était proche de moi. Je l’entendis sursauter alors que je récupérais mon ballon dans mes mains, avant de relever la tête vers elle. Elle me fixait avec ses deux grands yeux, et la bouche ouverte… Elle était sûrement impressionnée. Enfin, vu le regard qu’elle me lance ensuite, avec ses sourcils froncés, je n’en suis plus si sûr. Alors qu’elle jette un regard à ses pieds, je fais de même, et je vois ce qui semble être son petit déjeuner par terre, étalé et complètement immangeable. Je ne peux m’empêcher de lâcher un petit « Hum », comme si ça m’amusait. Elle me dit alors de faire plus attention quand je me balade avec « ce genre de truc »… Elle doit sûrement parler de mon ballon, mais je doute qu’elle manque à ce point de culture, même si je ne la trouve pas très intelligente, pour le moment. Je voyais sa mâchoire bouger, et elle avait les poings serrés, je savais qu’elle était énervée, mais moi j’avais l’air encore serein.

« Calme toi, c’était qu’un morceau de pain. » fis-je sur un ton plutôt neutre.

J’avais l’air totalement désintéressé par cet incident, qui semblait avoir bouleversé le monde de la demoiselle. Pour détendre l’atmosphère, je lançai mon ballon sur son front. Nous n’étions pas très loin, le choc allait être plus dérangeant que douloureux, et le rebond serait juste assez fort pour que la balle revienne dans mes mains. Une fois le ballon récupéré, je laissai un soupire s’échapper d’entre mes lèvres, je n’étais pas sûr qu’elle en reste là, et il était même fort probable qu’elle réplique, d’une façon ou d’une autre. Je n’avais pas peur d’elle, mais j’avais peur que ça ne dure trop et que je ne perde mon temps ici. Avant qu’elle ne me rende ça, je me remis à marcher et à parler, même si elle me ralentissait un peu, je ne stagnerais pas ici.

« Tu vas à l’académie toi aussi ? »

Alors que je commençais à m’éloigner d’elle, je sentis quelque chose heurter l’arrière de mes genoux. Instantanément, je les pliais, me baissant tout en gardant l’équilibre, ce qui me permit de ne pas m’étaler honteusement au sol. Après m’être redressé, je regardai au-dessus de mon épaule pour constater que c’était le sac de la jeune fille qui avait servi de projectile pour m’attaquer. Ignorant cette attaque, je repris doucement ma marche en laissant « l’arme » par terre.

J’avais remarqué au passage qu’elle avait enlevé le nœud de ses cheveux, comme si elle se préparait à la plus grande bataille de sa vie. Elle ne savait simplement pas que je n’étais pas du genre à riposter, car je sais ce que je vaux. Elle me « conseilla » de ne pas prendre des airs supérieurs… Je savais bien que je le faisais, mais en réalité, je n’en avais plus conscience. Elle ajouta une phrase sur le fait que je semble être un basketteur, mais que je n’étais pas forcément bon… Je n’étais pas énervé, mais j’avais très envie de lui montrer à quel point j’étais bon.

« Je suis pratiquement sûre que je suis meilleure que toi quand il s’agit de sport. »

« Qu’est-ce que tu racontes ? J’étais le meilleur collégien du Japon en basketball, et même ici, je suis sûr que je peux battre tout le monde à l’académie, surtout toi. »

Bien sûr, je ne l’avais pas pris au sérieux, comment aurais-je pu ? Une jeune fille si petite et frêle, habillée comme une petite fille modèle, avec une guitare dans le dos et qui chouine parce que son bout de pain est tombé au sol, ne pouvait sûrement pas être bonne en sport ! Dans le doute, j’allai la tester, tout en lui montrant à quel point j’étais à l’aise quand il s’agissait de manier un ballon. Je fis rebondir deux ou trois fois le ballon par terre, puis, sans me retourner, je le fis passer au-dessus de ma tête, le lançant vers elle… Je ne voyais pas où je lançais, mais je savais comment tirer de cette façon, alors à moins qu’elle est bougée, la balle se dirigeait forcément vers elle.

« Attrapes donc ça ! » dis-je pendant que je lançai, et sans m’arrêter de marcher en plus.