> ce que j'ai fait de ma vie ? Je n'aime pas en parler, c'est quelque chose qui fait mal, mais puisque vous le demander, je vais vous conter mon histoire. Êtes-vous prêts ?

Je m'appelle Annah Mckornic, je suis née le 11 juin 1995 au Saint Luke's Roosevelt Hospital de New-York à 14 heures 55 minutes 07 secondes. À 15 heures, j'ai été transférée dans un Orphelinat le " Marie Reine des Cœurs ". Ma place m'y attendait déjà. À 16 heures, me voilà orpheline, née sous X, je ne connais pas le prénom de ma génitrice, d'après les rumeurs qui court à mon sujet, je serais le " rejeton " d'une grossesse non désirée. De mes premières heures de vie à mes 7 ans, j'ai vécu dans cet orphelinat, bercée aux sons des cloches matinales, des prières, des cours religieux et l'enseignement aux tâches communes d'intérêts général. Je n'ai jamais vu l'extérieur de cet orphelinat, je l'ai juste aperçu par chance lorsque je me retrouvais seule dans les couloirs avides de vie de l'orphelinat aux heures tardives. New-York la nuit, New-York le jour, une ville tellement belle, si proche de moi et pourtant si difficile à toucher. Ici, c'est comme une prison, vous savez, quand on n'a pas de parents, nous sommes mal vus par la société, le regard que l'on porte sur nous est dur, être considéré comme un animal ça fait mal. Au fils des années, j'ai vu des frères et des sœurs partir dans des familles qui sont venues les accueillir chez eux, je les ai vu quitter l'orphelinat pour une meilleure vie, et moi, j'attendais et priais chaque jour pour qu'une famille m'adopte et me fasse sortir de ce " trou à rats".
Le 1er janvier 2002, ma prière à enfin été exaucée. J'étais dans la salle commune, on fêtait la nouvelle année, on chantait des chants religieux, j'étais avec mes amis, Kaine, Adela et Josh. On commençait à bien s'entendre, à être heureux à notre manière. On riait souvent puis je crois qu'avec l'habitude, nous avons fait les 400 coups afin de partir d'ici, de cet orphelinat, Marie Reine des cœurs.  
 - Annah ?
La directrice de l'orphelinat, Mme Paair, m'appela et je fus emmené sur-le-champ dans son bureau. Je ne savais pas pourquoi elle me convoquait. Au début, je pensais qu'elle allait me passer un savon, comme chaque semaine pour mon attitude ingrate, mais au bout du compte, elle me regarda et me sourit chaleureusement. Je pouvais apercevoir une lueur d'espoir et de tristesse dans son regard, je compris sur-le-champ.
- Annah ? Voici M. et Mme Mckornic. Ce sont tes nouveaux parents. Mr. Mckornic est originaire de New-york, comme toi, et sa femme, Mme Mckornic est française, elle est née à Paris. Tu te souviens le nombre de fois où tu as prié pour partir d'ici ? Ce jour est enfin arrivé Annah, tu vas pouvoir avoir une vraie maison, de bons parents et un avenir sûr, et bien meilleur qu'ici. Dit-elle en acquiesçant un sourire.
Je ne savais plus quoi dire, j'étais restée silencieuse, je me souviens, et je suis partie pour la France, Paris exactement. Je n'ai pas pu dire au revoir à mes amis, Kaine, Adela et Josh. Je ne m'en suis jamais remise. Au final, à Paris où règnent l'argent, la beauté et les quartiers résidentiels, j'étais toute aussi malheureuse que dans mon trou à rats à New-York. J'avais abandonné mes amis, comme on m'a abandonné à la naissance.
De 2002 à 2013, j'ai étudié sérieusement, j'ai eu mon brevet, j'ai eu mon BAC ES avec mention Très bien. J'ai eu mon permis de conduire et mes parents m'ont offert une Mini première génération. J'avais réussi mon avenir, j'étais à peu près heureuse, mes parents étaient gentils avec moi, bien que peu disponible avec leur travail en pharmaceutique. Ils géraient une grande marque de cosmétique très luxueuse, réservée à une clientèle visée. J'avais une belle villa dans un quartier résidentiel privé, des vêtements neufs chaque jour, des chaussures neuves toutes les semaines, oui, je menais une vie de luxe.
Mais que vaut une vie luxueuse face à ce qui m'attendait ?
En mai dernier, ma mère est décédée d'une crise cardiaque, et ce fut le début de ma descente en enfer. Mon père était anéanti et s'est réfugié dans l'alcool. Il ne me regardait plus, ne me parlait plus, à vendu ses firmes pharmaceutiques de produits de beauté de luxe et a fini par partir de la maison, sans rien dire et n'est jamais revenu.
Seule, face à mon destin, j'ai décidé de fuir cette vie, et de me reconstruire ailleurs, loin de chez moi. C'est alors que j'ai postulé à la Forever Acadamie, option Art. Peut-être que là-bas, ma vie sera meilleure.